La Coupe du monde de rugby approche de la phase de poules, marquant ainsi la fin des matchs à sens unique qui se terminent par des scores écrasants. Les équipes favorites ont littéralement écrasé leurs adversaires avec des victoires éclatantes comme le 96-0 de la France contre la Namibie, le 71-0 de l’Angleterre contre le Chili ou encore le 73-0 de la Nouvelle-Zélande contre l’Uruguay. Mais tout cela ne fait pas rire tout le monde, surtout pas les équipes qui encaissent ces scores humiliants et doivent panser leurs blessures. Un constat s’impose, le fossé entre les meilleures nations du rugby et les équipes inférieures n’a jamais été aussi grand. Les équipes les plus performantes sont de plus en plus professionnelles et leurs joueurs sont de véritables montagnes de muscles. Tandis que les équipes plus faibles sont là pour remplir le quota et rendre la compétition plus large. Mais est-ce suffisant ? World Rugby a récemment annoncé son intention d’élargir le nombre d’équipes participantes à 24 pour la prochaine Coupe du monde en 2027. Une décision qui ouvre la porte à de nouvelles perspectives pour les équipes de Tiers 2 et 3. Cependant, il est nécessaire de mettre en place une véritable organisation pour soutenir les plus petites nations. Participer ne suffit pas, il faut fournir les moyens nécessaires pour se défendre. Comme l’a souligné le sélectionneur chilien Pablo Lemoine, cela ressemble à un spectacle où d’un côté on a les clowns et de l’autre les propriétaires du cirque. Il espère que les choses vont changer car cela n’est bon ni pour le sport, ni pour les supporters. Le développement du rugby passe par l’élargissement du cercle, c’est indéniable, mais il faut veiller à soutenir les plus petites nations. Jusqu’à présent, elles sont jetées dans l’arène sans moyens de se défendre, comme de simples bouts de viande face aux lions. Participer à la compétition ne suffit pas, il faut accompagner ces équipes tout au long du cycle de quatre ans pour qu’elles puissent progresser. World Rugby a investi 40 millions de dollars pour soutenir les équipes qui ne font pas partie du Six Nations ou du Rugby Championship, en leur fournissant du matériel, des lieux de préparation et un soutien de qualité. C’est un premier pas, mais il faut agir en amont, avant même la qualification pour la Coupe du monde. Les fédérations nationales ont un rôle crucial à jouer dans le développement du rugby. La France, par exemple, a soutenu plusieurs fédérations étrangères en les aidant à se préparer pour les compétitions internationales. Des échanges sont organisés entre les équipes de jeunes, des stages sont organisés et des techniciens français sont envoyés sur place pour faire monter le niveau. Les liens historiques entre la FFR et ces fédérations ont été maintenus et renforcés. Mais cela ne suffit pas, toutes les fédérations doivent s’impliquer dans cette démarche. Le rugby est encore un sport de niche et son développement nécessite des efforts conjoints. World Rugby doit également prendre ses responsabilités en offrant plus de matchs de haut niveau aux équipes émergentes entre deux Coupes du monde. Javier Eissman, joueur chilien, estime qu’il faudrait une compétition annuelle pour permettre à ces équipes de se mesurer à des pays comme l’Uruguay, le Japon, les Samoa ou les Tonga, afin qu’elles puissent acquérir de l’expérience et rivaliser lors des prochaines Coupes du monde. Une responsabilité collective incombe à toutes les parties prenantes du rugby. Il est nécessaire de mettre en place des programmes de soutien à long terme, d’organiser des matchs entre les équipes émergentes et les grandes nations, et d’investir dans le développement des fédérations. La Ligue mondiale proposée par World Rugby pourrait être une solution, mais il faudrait qu’elle inclue également les équipes émergentes. En attendant, il est impératif d’agir dès maintenant pour donner une réelle chance aux petites nations de progresser et d’être compétitives lors des prochaines Coupes du monde.
Source: 20minutes.fr