Le capitaine du XV de France en bonne main
Frédéric Lauwers, le chirurgien qui a opéré Antoine Dupont, capitaine du XV de France, revient sur la pression médiatique entourant cette blessure
Le geste chirurgical en lui-même n’a pas été le plus difficile pour le professeur Frédéric Lauwers. Non, c’est plutôt la pression médiatique qui l’a accompagné tout au long du processus et jusqu’au quart de finale de la Coupe du monde de rugby contre l’Afrique du Sud. Dans une interview accordée à l’AFP, le chirurgien a expliqué avoir « maîtrisé les risques » d’un retour rapide à la compétition d’Antoine Dupont, numéro 9 de l’équipe de France, tout en revenant sur tout le tumulte médiatique entourant cette blessure.
Une pression supplémentaire pour opérer le capitaine des Bleus
Pour Frédéric Lauwers, opérer Antoine Dupont représentait un défi particulier. En tant que Tarbais, il connaît bien le joueur, le Stade toulousain et toute la région de la Bigorre. Il explique : « Ça aurait peut-être été plus compliqué d’opérer Ardie Savea (joueur des All Blacks) pour différentes raisons. La pression venait de tout ce qui se passait autour, du brouhaha, du buzz. »
La presse s’est emparée de l’affaire dès les premières heures, donnant des informations avant même que le chirurgien n’ait vu le joueur. Les spéculations allaient bon train, avec des avis divergents sur la participation de Dupont au prochain match. Frédéric Lauwers confie : « On avait l’impression que tout était soumis au vote du public. »
Une prise en charge rapide et efficace
Face à cette pression médiatique, le chirurgien a dû faire preuve de réactivité. « On n’a pas eu la pression du staff », affirme-t-il. Il rappelle également qu’il est déjà arrivé d’opérer un joueur pendant qu’il était encore à la deuxième mi-temps d’un match. L’anticipation et la rapidité d’action sont essentielles pour garantir les meilleures chances de guérison.
Le suivi attentif du chirurgien
Lors du quart de finale de la Coupe du monde contre l’Afrique du Sud, Frédéric Lauwers était présent au Stade de France pour observer l’état d’Antoine Dupont. Il discute même directement avec le sélectionneur Fabien Galthié pour obtenir des informations sur son niveau de performance. Il constate que le joueur prend des chocs directs sans aucune appréhension.
La recommandation d’un casque protecteur
Frédéric Lauwers explique avoir recommandé à Antoine Dupont de porter un casque protecteur lorsqu’il joue. Selon le chirurgien, cela aurait pu éviter la fracture causée par un impact latéral. Le casque a également un intérêt indirect en modifiant la perception proprioceptive du joueur.
Repenser les dogmes pour une meilleure récupération
Frédéric Lauwers tire des enseignements de cette expérience. Il estime qu’il est intéressant de remettre en question certaines croyances dogmatiques, comme le temps de consolidation d’une fracture. Grâce à des éléments post-opératoires spécifiques, il est possible d’accélérer le processus de guérison. Il tient à souligner que la décision de faire jouer Antoine Dupont était prise en connaissance de cause et que les risques avaient été maîtrisés.
La chirurgie maxillo-faciale mise en lumière
Enfin, Frédéric Lauwers mentionne que la médiatisation de cette blessure a indirectement braqué les projecteurs sur la chirurgie maxillo-faciale, une spécialité souvent méconnue du grand public. Il rappelle que cette discipline est souvent associée à des situations graves, comme les conflits armés ou les attentats. La prise en charge d’un joueur de rugby lors d’un événement festif a donc mis en évidence un aspect différent de leur travail quotidien.
Source: 20minutes.fr