Au Stade de France : Quand l’inattendu se produit…
Il est parfois surprenant de constater à quel point un match peut bouleverser tous nos repères. Nous étions tous convaincus que l’Angleterre allait subir une défaite humiliante face à l’Afrique du Sud, histoire de nous consoler après la douloureuse dépression du week-end dernier. Mais voilà qu’on ressent maintenant une étrange émotion de regret vis-à-vis de notre éternel rival, car leur élimination s’est jouée dans les dernières minutes du match.
Nous ne serons jamais des fans de l’équipe anglaise, soyons honnêtes, mais il y a quelque chose qui nous fait ressentir une sorte de pitié pour eux, surtout face à cette équipe sud-africaine qui a également brisé les rêves d’une nation tout en jouant un rugby peu convaincant. Il est vrai qu’il est décevant de voir nos Bleus si incapables de produire un jeu fluide, avec un jeu au pied maladroit et une indiscipline flagrante sur les regroupements.
Le plan de jeu des Anglais : minimaliste mais efficace
Les Springboks, malmenés de toutes parts, se sont appuyés sur leurs forces de base : une mêlée solide et les coups de pied précis d’Handré Pollard, entré en jeu dès la 30e minute. Ils ont ainsi réussi à renverser la situation. La pénalité de 50 mètres inscrite par l’ouvreur à deux minutes de la fin du match a été fatale aux Anglais, qui avaient pris l’avantage dès la 3e minute et ne l’avaient pas lâché jusqu’alors.
Il est admirable de voir comment l’équipe de Steve Borthwick a joué ses cartes. Profitant des conditions météorologiques exécrables avec du vent et de la pluie, ils ont mis en place un plan de jeu minimaliste mais extrêmement efficace. Des coups de pied de dépossession ont mis la pression sur la défense adverse et ils ont excellemment bien géré les phases de regroupements et les réceptions des chandelles. Alex Mitchell, demi de mêlée des Springboks, explique leur stratégie de la manière suivante :
Pas un grand match, mais un match authentique
En somme, même si l’Angleterre a bénéficié d’un tirage au sort favorable pour se hisser en demi-finale, elle a prouvé qu’elle méritait sa place, ce qui suscitait des doutes avant le coup d’envoi. L’équipe a fait avec les moyens dont elle disposait et après le match désastreux de la première demi-finale, on peut les remercier d’avoir offert un véritable match de rugby, même si ce n’était pas une rencontre mémorable sur le plan du jeu. Owen Farrell, l’emblème de l’équipe, exprime sa déception :
« Je suis déçu. Je pensais sincèrement que nous avions fait suffisamment pour remporter ce match, mais malheureusement, l’Afrique du Sud n’avait pas dit son dernier mot. C’est frustrant, mais je suis également très fier. Tout ce que ce groupe a accompli ces derniers mois n’a pas été facile, et notre performance aujourd’hui contre les champions du monde en titre me rend extrêmement fier. »
Avec une jeune garde qui prend ses marques – sept joueurs de 25 ans ou moins dans l’équipe, dont quatre titulaires – l’avenir de l’équipe anglaise semble prometteur. C’est une excellente nouvelle en perspective, car le Tournoi des Six Nations n’en sera que plus passionnant avec des Anglais à la hauteur de leur réputation. En y réfléchissant bien, notre étrange sentiment après ce match vient sans doute de la déception de ne pas avoir vu le petit battre le gros. Finalement, peut-être que nous n’avons pas été si gentils que ça envers les Anglais…
Source: 20minutes.fr